Une narration de recherche absolument géante (suite : 2/3)

Nous avons vu le désarroi d’un petit Poucet, cherchant son chemin dans les méandres d’une narration de recherche moderne. À laquelle il ne comprend rien… Et surtout pas l’énoncé. Ça comment mal, bien sûr. Notre Poucet – en 6ième, rappellons-le – est pourtant de bonne volonté : il cherche…Enseigner les maths - Ces énoncés qui piègent les élèves

 Petit aparté pour une narration de recherche…

   Dans l’école d’avant, on disait « Voici des problèmes à résoudre ». Les élèves réfléchissaient, calculaient et répondaient par des phrases complètes en détaillant leurs calculs.

   Et puis ces problèmes sont devenus complètement obsolètes. Ringards. Tout comme cette attitude trop docile d’élèves qui cherchent une réponse et la rédigent ensuite. On en veut plus. Bien, alors, grâce à la novlangue, on est passé à la résolution de problèmes… Parce que c’est beaucoup plus intelligent. Et comme s’il fallait préciser pour ceux qui n’auraient pas pigés, que poser un problème en maths, c’était exclusivement dans le but de le résoudre… Ah, Monsieur de La Palice…

   Mais ensuite, semble-t-il, cette expression est devenue ringarde à son tour. Car aujourd’hui, un élève de 6ième n’est plus un élève… il est devenu – par l’opération du saint esprit – un chercheur… Qui en plus raconte son son raisonnement et ses tâtonnements à la manière des écrivains…

Mais bien sûr…

  Ceci dit, soyons clair : un élève peut devenir un chercheur et de surcroît un mathématicien, si cela lui a été enseigné, s’il a été entraîné à cette attitude, à cette souplesse d’esprit. Si ses paroles sont écoutées, si ses avis sont pris en compte, si…

   Si… En réalité, si l’approche de l’enseignement a été remis en cause, comme le suggère cette ressource. Mais plus encore, et bien plus profondément, si la relation apprentissage-enseignement a fait partie des questions de fond que se pose l’enseignant et de la recherche permanente de sa position vis-à-vis des élèves. C’est d’ailleurs ce que promeuvent d’autres approches, telle la subordination de l’enseignement à l’apprentissage ou la pratique du texte libre en mathématique… Parce que dans la vraie vie, on devient chercheur, tout comme on devient narrateur…

Fin de l’aparté…

  Bon, ça commence donc très fort. Notre Poucet ne comprend pas ce qu’on lui demande…Enseigner les maths - Narration de recherche au collège

Le détail en français

   Avouons que la précision « N’oubliez pas «  est succulente… Car elle suppose que les élèves se sont précipités sur toutes les « pistes » qui ont jaillies à leur cerveau de mathématiciens en herbe, les ont frénétiquement toutes consciencieusement testées, ont écarté les moins bonnes, les moins esthétiques, les moins efficaces… Et ont donc fini par rédiger la meilleure entre toutes !

  Mais dans tout ce travail acharné, ils auraient pu « oublier de préciser » toutes les autres « pistes… ».

  La réalité est beaucoup moins romanesque… Disons plutôt qu’entre l’espoir d’un prof appliqué et le retour des copies, il y a… un fossé !… Un gouffre !… Un ravin… que dis-je ! Un ravin ? Il y a le Grand Canyon !

   Car notre Poucet ne démarre pas… En terme de piste, et il n’est pas le seul, bien entendu dans sa classe, c’est le point mort… l’arrêt intellectuel… l’angoisse du vide…. l’appel au secours…

Alors, ce problème de maths ?

Ah, oui. Venons-en au fond du problème. Voici la question :

« Dans un monde de géants, on utilise ce timbre, représenté à sa taille réelle. Peut-on avoir une idée de la taille des géants ? »

   Avec toute sortes de détails pour faire « vraisemblable » : le tampon de la poste à la ville de Lyon, le 13 juillet 2006. La pseudo Marianne sur le timbre, de profil et souriante… Et les trois marques ondulées propres à faire savoir que ce timbre a bien été utilisé (!).

Première observation sur cette subtile narration de recherche

   Tout d’abord, relevons le ridicule de cet énoncé, qui n’a pas échappé à notre Poucet. On est, à priori, dans un monde de géant – donc, par définition imaginaire – mais le timbre vient de la ville de Lyon… Avec la même image et même forme générale que nos timbres à nous, dans notre monde réel…

   La poste des géants utilise la même manière d‘estampiller leurs timbres lorsqu’elle valide une lettre… Donc on est chez les géants, mais pas vraiment. Ou alors, les géants font tout pareil que nous…

Comme dit notre Poucet : « C’est possible ça ? »

  Non, petit Poucet, non, ce n’est pas possible. Rassure-toi. C’est parce qu’on veut que tu travailles sur une notion bien précise, la proportionnalité, mais qu’on ne veut pas te le dire simplement et directement. Alors, on invente une moitié de monde imaginaire pour… pour… heu… disons pour t’aider…

  Déception de notre Poucet :

« Ah, bin ça m’aide pas du tout. Pourquoi elle [la prof de maths] ne le dit pas comme ça ? »

 

Et ce n’est pas fini !

Voyez comment cette banale et innocente narration de recherche n’en finit plus d’assourdir notre pauvre Poucet bien seul au monde…

 



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